L'enceinte et le château de Césarée en Israël
L'enceinte de Césarée maritime est connue comme une des réalisations les plus étonnantes du temps des Croisades au Proche-Orient. Construite en moins de deux ans par Saint Louis, rasée douze ans plus tard par Baybars, cette enceinte a été redécouverte par les archéologues israéliens dans les années 1960 ; pourtant, elle est peu connue des spécialistes de la "castellologie". Le château, quant à lui, n'a jamais attiré l'attention des archéologues.
Depuis 2007, une mission française codirigée par Nicolas Faucherre et Jean Mesqui s'est donné pour mission de relever l'ensemble des vestiges du château et de l'enceinte, et de les analyser. A partir de 2008, la mission s'est élargie à la fouille archéologique de deux tours de l'enceinte, dirigée par Jocelyn Martineau, assisté pour l'une des tours par Philippe Boeckler ; Fabien Sanz-Pascual a apporté pour sa part son talent de dessinateur, et Hervé Barbé son expertise d'archéologue de la Direction des Antiquités d'Israël, en particulier pour l'étude des céramiques. Ont participé également aux travaux Bruno Merlin, Nicolas Morelle, Fabien Briand, Kate Rafael, ainsi que le dernier à avoir rejoint l'équipe, Jean-Philippe Jouan, "the last but not the least", comme disent nos amis anglo-saxons.
Les quatre campagnes qui se sont succédé depuis 2007 ont permis une réévaluation totale de ces fortifications. Le château, qui a fait l'objet des premières investigations, a révélé, parmi d'autres éléments intéressants, un exceptionnel dispositif d'entrée à trois herses qui est un véritable unicum au Proche-Orient. Mais la grande découverte a concerné l'enceinte dite de Saint Louis, qui cache en son sein une enceinte plus ancienne, datée par la mission de l'époque islamique ancienne ; les ingénieurs et maçons de Saint Louis ont, en fait, réutilisé cette fortification du Haut Moyen Âge, épaississant et surélevant les courtines, et bâtissant des tours rectangulaires massives, le tout étant pourvu d'un fossé et d'un impressionnant glacis d'escarpe.
Les quatre missions vont désormais permettre de préparer la publication de ce site majeur ; il demeure cependant une campagne de clôture et de bouclage à mener en 2011. En attendant, nous donnons ici les rapports des quatre campagnes successives, en espérant qu'ils pourront servir à mieux connaître la fortification médiévale au Proche-Orient.
Jean MESQUI
Image : Photo aérienne verticale de la ville prise en 1918 par l'armée allemande (le Nord est à gauche)